Léon sort d'une réunion. Elle était curieuse, cette réunion, en ce que les participants, finalement, réussissaient ce tour de force de s'adresser la parole sans se parler. Roulements de pupilles, gestes à l'avenant.
Pas tout à fait du dialogue de sourds, plutôt plus du mime, ou pire, du pousse-toi de là que je m'y mette.
Un étrange ballet qui a eu vite fait de transformer Léon en grenouille de bénitier. Léon a prié, en effet. Pour que son portable sonne, par exemple. Ou pour qu'une fée débarque avec sa baguette magique, on dirait que...
De cette réunion sans ordre du jour ne devrait logiquement suivre aucun compte-rendu.
Tellement il n'y a rien à dire de ce qui s'est dit puisque ce qui se disait ne disait pas son nom et ce qui ne se disait pas criait en silence dans les oreilles.
Ecrit-on c'est moi le plus fort, le plus beau, le plus qui a raison ?
Ecrit-on regardez moi comme je brille avec toutes mes lampes éteintes ?
Ecrit-on mais bordel de merde pourquoi je suis si nerveu(se)x ?
Ecrit-on bien sûr que je ne suis pas compétent(e) mais est-ce une raison pour se taire ? Non, au contraire. L'ouvrir, mieux que la boucler.
Heureusement, se dit Léon, les paroles s'envolent.
Comme des mouches qui s'écrasent la gueule contre les vitres. Des mouches bleues, évidemment.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire