dimanche 4 mars 2012

Hubert-Felix Thiéfaine

Léon est content, ce matin. "SON" Hubert-Félix Thiéfaine a remporté deux victoires de la musique.
Si Léon était monté sur une scène pour lire une lettre ouverte qu'il aurait adressé à cet artiste, il aurait lu ceci :

Mon cher Hubert-Félix
Je suis très heureux que tu aies gagné.
Mais tu sais comme moi que si c'est cerise sur le gâteau, ces victoires, ni toi ni moi ni tous ceux qui t'accompagnent dans ta route depuis tant d'années autant que tu nous accompagnes dans la nôtre, la valeur n'a pas attendu le nombre des années.
Tu as mis de l'eau dans ton vin, et c'est rien de le dire.
Tu as rallié à toi de nouveaux suffrages. Nous savons que la vérité est ailleurs. Elle est plus profonde que cela et c'est tant mieux. Prenons les paillettes. N'en faisons pas tout un plat. Réjouissons-nous. Simplement.
Cher Hubert-Félix, puisque tribune enfin s'offre et que micros se tendent, je sais d'ailleurs que tu n'aimes guère ce registre parce qu'il ne dit pas les bois, les montagnes et les saignements, permets-moi simplement de te confier que si beaucoup t'ont et depuis longtemps catalogué chanteur morbide, et si, permets-moi également de te le confier, quelques unes des miennes relations m'ont parfois rallié dans ma fidélité indéfectible à tes productions, y compris les moins probantes, me disant, ah tiens, il bouge encore celui-ci, pour moi, tu es tout simplement l'ami qui susurre à mes oreilles, le compagnon de longue date qui sait dans un langage à nul autre pareil ouvrir des brèches dans les tamis, creuser des sillons dans la chair. M'expliquer le monde. Me montrer la vie. Un guide. Tu incarnes pour moi l'artiste, qui branche ses radars pour tout capter.
Au fil des années, je me suis aperçu que lorsque je t'écoutais, faisant tourner en boucle quelques uns de mes best of à moi de tes chansons à toi, c'est et c'était dans des moments de ma vie où je me sens et me sentais bien.
C'était comme le désir de partager ces moments avec un ami dont j'étais sûr de l'oreille, sûr de la parole.
Tu es de ceux qui m'ont donné envie de lire. Envie d'écrire. Qui m'ont fait aimer la musique, la chanson, le rock.
Je me suis souvent rêvé parolier, rien que pour t'arriver à la cheville. J'ai assumé grâce à toi une part de poésie que sinon je cacherais honteusement dans mon manteau.
Je pense que tu as tout compris et depuis longtemps des hommes, des femmes, de la société, du monde. Et tu le dis sans relâche, trouvailles de mots en bandoulière. Je pourrais rien que dans cette lettre multiplier les formules empruntées à tes chansons. A quelques uns de tes brûlots. Mais je n'en ferai rien. Cela reste entre nous.
J'ai souvent rêvé te rencontrer, te parler, poursuivre l'échange par-delà la scène et les disques, par-delà les chansons, poser mes yeux là où tu poses les tiens, regarder la forêt, sentir l'humus, croquer des champignons. Mais je ne bois pas. Je ne fume pas. J'ai toujours eu crainte de ne tenir pas la distance. Je suis épaté de te savoir aller si bien.
Je suis heureux que tu sois salué parce que tout simplement tu le mérites.
Tu nous a donné ta vie. Tu l'as offerte en partage. Et si tu te réclames souvent en Ferré, pour moi, tu es voisin de Brel. Ce n'est pas rien !
Je t'embrasse et te dis encore !
Bien à toi
Léon.

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