Imaginons un seul instant que François Hollande ait été président de la République au moment du double drame de Montauban et de Toulouse. Les ténors de la droite n’auraient pas raté pareille aubaine pour instruire le procès en laxisme de la gauche au pouvoir. On les entend déjà dresser la liste des «graves défaillances» : «Comment a-t-on pu laisser sans surveillance un islamiste français expulsé d’Afghanistan et fiché comme tel ?» «Pourquoi aucune enquête suivie n’a-t-elle été diligentée sur un homme jugé si dangereux par les Etats-Unis qu’il figurait dès 2010 sur la liste noire des personnes interdites de vol ?» «Comment un jeune de 23 ans a-t-il pu collectionner en France des armes de guerre, apprendre à s’en servir et accumuler un butin d’argent frais sans être jamais repéré ?»…
Mais revenons au réel, c’est Nicolas Sarkozy qui préside la France et ses services de renseignements. Et le chef de l’Etat a dépêché en première ligne ses proches et les hauts cadres de la police pour construire à chaud le «vrai récit» de Toulouse. Il est d’ailleurs assez déconcertant de voir le zèle et la promptitude avec lesquels certains médias ont restitué la parole officielle, sans distance ou sens critique. Le réel, en matière de sécurité, ce n’est ni la fébrilité législative ni la pensée magique, mais la vérité du terrain, des faits, des situations. La gauche aurait beau jeu de rappeler qu’il y a belle lurette qu’elle a viré sa cuti sur ce sujet, que le Raid a été créé par le socialiste Pierre Joxe, et que l’austère tandem Jospin-Chevènement n’a pas franchement laissé le souvenir de l’amateurisme ou de l’extrême tolérance. Nicolas Sarkozy use d’une vielle ficelle. En 1947, déjà, un conseiller de la Maison Blanche soufflait au président Truman, en pleine période électorale, que s’il «voulait que le peuple le suive, il fallait lui foutre une sacrée trouille».
Vincent Giret, Libération.
La dernière phrase laisse perplexe.
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