samedi 3 mars 2012

L'après

Ce que je n'aimais pas, c'était après. Après après. Après le concert. Après le temps des sourires, des bravos, des dédicaces. Je m'étonnais toujours qu'on ne comprenne pas plus à quel point j'étais fatigué, alors. Au-delà, je veux dire. Plus loin que la fatigue. Je ne sentais plus mon corps, ma voix, mes jambes me tenaient à peine. Je faisais de mon mieux. Et puis je tenais aussi parce que je redoutais cet après que je n'avais jamais vraiment réussi à dompter. Ce moment qui est comme une porte qui se referme. Ce moment amplifié par toutes ces portes qui se referment presque en même temps. Nous nous étions dits bonne nuit, à demain.
Souvent, je restais dos contre la porte.
Souvent, je me laissais tomber.
Le vide me tombait dessus. Il était rempli de silence. Rempli de la ventilation. Rempli de moi alors que je me sentais expurgé de tout.
Les gens imaginent toujours des choses. Même les proches. Beaucoup pensaient qu'on n'avait qu'à lever des filles et s'épuiser en dessinant sur leurs corps avant de s'effondrer et de se réveiller sur les coups de midi. Ce fut quelques fois le cas. Mais la plupart du temps, je me cognais cet océan de rien et je me sentais désemparé face à lui. J'avais tout essayé. Ecrire. Lire. Regarder la télé. M'endormir. Téléphoner. Surfer sur le net. Prendre un bain. Je ne faisais que me crever les yeux.
J'étais allé voir quelques psys qui tous m'avaient invité à la même chose, finalement. Accepter la situation. Accepter de me coltiner à moi-même. Je n'en avais ni l'audace ni l'énergie.
Les tournées étaient terribles pour moi. Ces villes, ces hôtels. Ce n'était pas la route, le pire. Ce n'étaient pas les balances et les courbettes le soir. Ce n'étaient pas les collations. Même les élus locaux qui parfois venaient faire un saut ne me dérangeaient pas.
Cet après, pour moi, chaque soir, c'était une mort.
J'étais fatigué de claquer ainsi tous les jours.

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