samedi 17 décembre 2011

Grimace orchestrée

C'est une intuition plus qu'une réflexion savamment posée sur des faits tangibles.
Ce sont des alertes entendues dans des bouches amies, voisines, collègues.
Le discours des gens a changé. L'inquiétude a enflé.
Et cela tranchait avec les lendemains de primaires citoyennes, où pour peu que l'on fréquente des gens de gauche, on sentait poindre une sorte d'optimisme.
On avait pendant quelques semaines parlé politique différemment.
On avait eu le sentiment que les choses se remettaient dans l'ordre, d'une certaine manière, les politiques évoquant des sujets, les médias suivant ces politiques, les citoyens précédant ces politiques.
On se demandait si la mayonnaise allait prendre ou si le soufflé allait retomber.
Les caméras, les micros, les claviers ont tranché. Non seulement le soufflé est retombé mais en plus, au règne du tout de suite la suite, après avoir avalé ce qui a fait 2011 (Tsunami, Nucléaire, Révolutions citoyennes, DSK), on est passé à autre chose.
Il y avait presque en cet automne un air de trop  Il y avait surtout quelque chose de visiblement agaçant pour les autres, ceux qui sont loin de la gauche, soit parce qu'ils ne sont pas à gauche voire s'agacent de ces idées-là, soit parce qu'ils ont disparu de cette vie politique et citoyenne, lassés, agacés, désemparés, etc.
Peu à peu, le bulldozer a déposé des décombres dans nos chaumières.
Peu à peu, le sale air de la peur a fait feu de tous bois. Il s'est installé dans le paysage.
Avec le costume noir qui sied aux enterrements, nos gouvernants ont repris place dans nos écrans et nos gazettes.  Avec un discours tout entier voué à nous dire comme ça va mal, à nous expliquer comme ça va mal, à nous dire que ceinture il faudra serrer, à nous expliquer comment ceinture il faudra serrer.
Sur le moment, je n'ai pas vu malice.
Et puis la France d'en haut a retrouvé son ordre si je puis dire. Avec des politiques qui réagissent, des médias qui réagissent, des citoyens qui réagissent.
Ne cherchons pas plus loin.
Le pays, en cette fin d'automne, a ressemblé à ses arbres qui perdent leurs feuilles.
Des thèmes sont apparus dans l'actualité, et avec eux, de nouveaux mots, de nouvelles formules, de nouveaux langages. On triple A, par exemple. On crise. On Europe. On reparle même du franc.
Quelqu'un qui serait parti quelques mois de nos occidentales visions et qui reviendrait se demanderait sans doute qui est décédé pour qu'à ce point, on s'apprête à fêter Noël dans la grimace généralisée.
Je lui dirais simplement à ce quelqu'un : ne t'inquiète pas tant que ça, mon ami. Tout cela est juste orchestré pour qu'en mai 2012, il n'en reste qu'un. Il ne s'agit pas de nier la crise. Il s'agit juste de la rendre plausible, cette crise. Sincère. Car pour le moment, ce n'est pas le cas. On assiste simplement à système qui implose. On nous fait croire que c'est une terrible nouvelle. Une hécatombe. Un séisme. C'est en réalité une excellente nouvelle. A condition bien sûr qu'on la prenne par le bon bout. Qu'on construise. Qu'on fonde. Nos gouvernants n'en sont pas encore capables, voilà tout.

11 commentaires:

  1. Ah ! Nous avons décidément, toujours un angle de vue bien différent, cher Didier.
    "Nos gouvernants n'en sont pas encore capables" écris-tu. J'ai malheureusement la certitude que ces gouvernants font avec le peuple qu'ils ont. C'est le peuple qui manque de maturité. Les gouvernants, comme chacun sait, aimeraient pouvoir gouverner moins tactiques et plus ouverts. Mais pour cela il leur faut être élus. Et pour être élus, ils se doivent de séduire. Et comment on séduit une opinion publique immature (puisqu'il s'agit d'elle pas de l'individu) ? En louvoyant. Et la boucle est bouclée. On n'avance peu.
    Pour revenir à cet automne que beaucoup de gens de Gauche ont vu comme un lendemain qui chante, je n'étais pas de ceux-là : J'ai surtout vu la mise au grand jour de divergences fondamentales entre personnes censées défendre les mêmes idées. Les voir se rabibocher en façade et avoir le cynisme de dire qu'il faut se rabibocher en façade, a de quoi décourager le citoyen. Je suis de ceux qui pensent qu'on doit être plus sévère avec soi et sa famille qu'avec les autres. L'esprit partisan sclérose. Aussi, c'est la Gauche qui reçoit mes principales critiques. Je balaie devant ma porte. La Droite, qu'elle fasse son boulot de Droite. C'est en donnant envie avec du sérieux qu'on m'attirera, pas en dézinguant le camp d'en face ou en fonctionnant comme lui.
    Alors, je reviens à mon dada, la "responsabilité individuelle". Faisons notre boulot de tri et d'analyse, pour éviter "la grimace généralisée". Ne faisons pas dépendre notre sérénité, notre joie et notre avenir des propos ou des décisions des politiques, des échos qu'en font les média et le café du commerce, pas plus que de ressentis conjoncturels. La Vie vaut mieux que ça. Pour résister à la sinistrose et ne pas se rendre complices de son effet boule de neige, faisons individuellement ce qui est de notre devoir, insuffler la vie et la joie, soyons RESPONSABLES.

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  2. Bien d'accord avec toi Didier.
    Le séisme est pour ceux qui souhaitent continuer comme avant, les années glorieuses d'après 1945 où tout était à reconstruire avec deux blogs US face à URSS.
    Depuis la chute du mur est le grand virage. C'est après ce mur abattu que je suis allé travailler là bas de l'autre coté. Quand on a le nez dedans, on voit mais on ne comprend pas tout.
    Sans être une chute, la pente est depuis descendante pour, pour ... ?

    Nos politiques gouvernants, ne peuvent imaginer un autre monde que celui appris dans leur Sciences Po, ENA, Polytechnique ... Tous un même moule, surtout que rien ne change, ils en tirent tant profit de ce système dans lequel ils baignent et usent jusqu'à plus soif, sans partage. Le monde capitaliste triomphant, $ en tête, la finance triomphe avec l'ultra libéralisme, c'est ce que je retiens de lectures jugées utopistes, gauchistes, alternatives, ... extrêmes. Évidemment, je suis un suiveur d'idées, j'essaie de comprendre, et j'apprends beaucoup de ceux qui échangent leurs savoirs en s’opposant arguments contre arguments.
    La difficulté sera pour ceux qui ne sont pas prêt à changer n'ayant connu qu'une façon de vivre ... qu'une vie ?
    Ma chance est d'être parti d'en bas, comme raconté dans un précédent commentaire. S'il fallait y retourner, je n'aurais pas le sentiment de redescendre. Je retrouve en m’expriment des mots qui s'opposent, faut-il conduire au sentiment ou raisonnement ?
    Les deux mon camarade.
    Voilà que je m'amuse, je vais mieux et vous embrasse tous.

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  3. Quelques avis suite à la lecture de ces deux commentaires...
    @ Claudio : pas incompatible tout cela. Je peux dire nos gouvernants ne sont pas capables (et ta démonstration sur la séduction renforce mon idée), et tu peux dire que le peuple n'est pas capable (et ta démonstration sur la séduction renforce cette idée). Autrement dit, les deux mon capitaines ! Sinon on n'en serait sans doute pas là :-) La difficulté est alors de voter. Car depuis un paquet d'années, faut voir le choix qu'on a. Me revoilà à penser vote blanc, abstention, avec une furieuse envie de la remettre sur le tapis, notre démocratie. Elle est toute rouillée.
    @ Claudio : pour l'individu, on va dire que tu as raison. Mais en faire en permanence la solution à des choses qui relèvent du collectif, ça me fait dire que dans 2300 ans environ, on y arrivera... :-) Bien sûr que c'est une solution. Bien sûr que ce n'en est pas une...
    @ Christian : le problème est que la gauche est en 1945, et la droite en 1870, l'extrême droite en 1788. Nous sommes en 2011. Plus ça va et plus ça recule, oui. Il faudrait analyser cette peur de l'avenir. Qui est une peur du présent. En même temps, nous avons enfanté un monstre qui nous rigole au nez. Alors bon...

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  4. Je viens de lire ton commentaire Claudio, ce que tu exprimes me fait toujours avancer parce que le discours, toujours le même, je le comprends, mais il y a quelque chose,je ne sais pas quoi ... je ne peux pas dire oui sans réserves.

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  5. Je ne comprends pas ta réponse Didier.
    Je m'exprime sans culture historique sur 2011. Le siècle des lumières avec de grands penseurs c'est remonter autour (avant et après 1789), seraient-ce ces grands penseurs que nous ne retrouvons plus qui feraient qu'on recule ?

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  6. Vous avez tous raison, je crois. Vos analyses respectives sont toutes justes et ne s'excluent pas. Elles gagneraient à s'unir.

    J'ai tout récemment expérimenté le collectif, le groupe sous un jour nouveau pour moi. Maintenant, je comprends et je crois à la force du collectif tout autant qu'à celle de l'individu.

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  7. Non, je voulais dire que les références de "nos gouvernants" nous font reculer en niant le monde actuel.
    Enfin, je crois que je voulais dire un truc comme ça.
    Il m'apparaissait que pour la gauche, la référence, c'est 1945 (mais tu as raison, le siècle des lumières également). Que pour la droite, c'était 1870 (mais je ne sais pas pourquoi j'ai dit cette date). Etc.
    Du coup, on ne les sent pas capable 1) d'avoir une vision pour notre pays, notre "Europe", notre "Monde" 2) de nous embarquer vers autre chose que ces précipices glacés des temps anciens.
    Mais tu le dis toi même : ils n'ont pas les logiciels à jour.
    Les citoyens l'ont-ils ? Certains oui, d'autres non.
    Et voilà qu'on a envie aussi de parler créativité.
    Un drôle de mot, par les temps qui courent, non ?

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  8. et avant que Claudio ne dégaine en me prêtant des propos que je n'ai pas dit : dire qu'ils ne sont pas capables ne signifie par que je suis transi d'attente et que je vais me tirer une balle... :-)
    Je n'attends justement pas grand chose d'eux, ce qui m'interpelle en pensant présidentielles (quand on ne sent aucun candidat, que vote-t-on ? et vote-t-on ?)
    C'est un constat. Juste un constat.

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  9. Intéressant et sain ce débat.
    Je vais rebondir sur : "on a envie aussi de parler créativité.
    Un drôle de mot, par les temps qui courent, non ?"
    Moi je le trouve très créatif notre monde, il n'a jamais été aussi créatif. Et l'avenir, avec ses contraintes, ses difficultés, ses surprises, nous rendra encore plus créatifs et c'est tant mieux.
    D'ailleurs, l'actualité qui nous parle de "produire en France" nous renvoie dans la production industrielle et matérielle de masse, comme si on voulait toucher notre cerveau reptilien et nous émouvoir avec de la nostalgie des trente glorieuses. Encore un peu et le bleu-de-chauffe et Germinal ça va être le nouveau Graal (je sais j'exagère ; ça m'amuse). On devrait un peu plus nous montrer à quel point on est créatifs et booster cette production là. Ça ne me gêne pas moi, qu'on devienne un pays de production d'immatériel, d'idées, de conception. Qu'est-ce-que ça peut faire, on vendra de l'intelligence et on achètera palpable, on échangera de l'Être contre du faire. Tout va bien.

    Sans dégainer, je rebondis sur cette histoire de pensées qui dateraient. Celle qui est pour moi une évidence, est celle de notre population, à commencer par mes amis de Gauche qui ne voient pas que le monde change. Ah ils savent le dire mais pour s'adapter c'est autre chose. S'adapter c'est accepter de perdre quelque chose... un jour ou l'autre, on comprendra qu'on a fait le bon choix. (Des secteurs entiers industriels ont accepté des diminutions de salaires importantes en Allemagne il y a quelques années, aujourd'hui, ils récoltent - Allez proposer ça en France ! Même les mieux lotis, avec des emplois préservés n'acceptent même pas un gel temporaire) Voilà, vivre en 2011, c'est ça ! Et c'est plein d'espoir à condition d'être un peu moins passéiste, beaucoup moins égoïste et comprendre que l'effort commence par le sien. Qu'est-ce-qu'on peut faire plutôt que qu'est-ce-qu'on me doit.
    Vous qui me lisez me connaissez bien désormais et verrez donc dans mes propos la cohérence entre mes idéaux humanistes et mes positions libérales. (évitez-moi l'interprétation gauchiste du mot libéral, s'il-vous-plait ;-)

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  10. Aujourd'hui, je n'en veux plus aux politiques, d'avoir un comportement de politique. Je crois que finalement, oui, leur boulot est de séduire. La gestion du pays est entre de bien meilleures mains quand elle est confiée aux scientifiques, aux technocrates. Et une fois les élections passées, c'est comme cela que ça se passe dans les bureaux.
    Bien sûr, y a la responsabilité individuelle de chacun qui fait de nous de bons citoyens et devrait nous permettre un juste discernement. Mais honnêtement, parfois, un billet comme celui de Didier me fait du bien pour me dire : " Ne t'endors pas, gros !... "
    Donc, je crois qu'au final, c'est faute aux médias (de toute façon, on sait que le pouvoir est entre les mains des grands trust économiques et des médias).
    Je ne connais pas bien le métier de journaliste, finalement, mais j'attends de lui qu'il soit le traducteur de l'actualité pour le plus grand nombre et non pas le porte-voix des sphères politiques. J'aimerai beaucoup assister à une réunion de rédaction d'un JT, par exemple, pour enfin savoir comment les choix s'opèrent... mais je ne me fais pas beaucoup d'illusions.

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  11. Les médias, oui... Pourquoi pas... Je partage cette idée, en même temps, je me dis qu'ils ont bon dos, les médias. Ceci étant, leur coller la responsabilité, ça arrange tout le monde, ou presque. Le citoyen, le politique, etc. Chacun peut dormir sur ses deux oreilles ;-)

    Plus largement, à relire tout ça, je me dis que c'est bien peu responsable, tous ces gens soit disant... responsables. Aux responsabilités, disons. On le mesure à toutes les échelles de la société d'ailleurs, ça carence dur !

    Ils ne savent pas ce qu'ils font...

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